Le « profil recherché »
A l’issue de chacune des sessions du concours, les membres de jury sont invités à participer à un bilan de l’épreuve, dont certaines des conclusions méritent d’être portées à la connaissance des candidats (passés et à venir !), s’agissant des qualités les plus appréciées(mais aussi des maladresses les plus souvent signalées !). C’est ainsi le « profil recherché » du « bon candidat » que ce compte rendu voudrait contribuer à déterminer, étant bien entendu qu’il n’existe pas un type de « bon candidat » mais une multitude, et que ce n’est pas un « portrait robot » du lauréat que l’on veut ici brosser. Mais la convergence et la récurrence, dans ces témoignages des membres du jury (que le Président tient à remercier chaleureusement pour la contribution qu’ils apportent ainsi au présent rapport), d’un certain nombre de compétences (ou d’incompétences…), de qualités (ou de maladresses), tant sur le plan des connaissances que de la « culture » du candidat, de sa maîtrise de la méthodologie de l’épreuve ou de ses aptitudes communicationnelles, apparaissent déterminantes dans l’évaluation qui est faite du candidat par la commission-jury.
Outre les compétences et savoirs « académiques » évoqués ci-dessus (légitimement exigibles d’un candidat censé avoir préparé le concours), qu’apprécie donc le jury chez un candidat? A travers l’exposé et l’entretien, ce sont d’abord, bien sûr, des qualités intellectuelles qui doivent se manifester : intelligence et « bon sens », dans l’analyse du texte aussi bien que dans les réponses aux questions posées. Des connaissances disciplinaires solides, ensuite, au moins dans un domaine – peut-être celui de la formation initiale du candidat – et dont l’efficacité de « socle » et de « levier transférentiel » transparaît souvent au cours de cette épreuve. Car il faut bien reconnaître ici que toutes les formations de niveau bac + 3 n’ont pas la même congruence ni la même efficacité pour préparer le concours de recrutement de Professeur des Ecoles.… Telles que les statistiques le confirment après le concours (rappelons que le jury ne sait rien du cursus du candidat), il semble bien que les candidats les mieux armés pour réussir au concours (et sans doute à cette épreuve orale d’admission) sont le plus souvent issus de formations universitaires à fort potentiel culturel, et à socle disciplinaire fort, en relation directe avec les matières principales enseignées à l’école. Mais est-ce si étonnant après tout, compte tenu de la nature des épreuves, et des missions
d’enseignement qui seront confiées demain au lauréat? Sur le plan communicationnel ensuite, et outre les qualités longuement détaillées dans les précédents compte rendus (2004, 2003 : les candidats s’y reporteront avec profit sur le site du CRDP de Lille : http://crdp.ac-lille.fr ), tout jury préfèrera un candidat manifestant un minimum de vivacité, voire d’enthousiasme (sincère !) dans sa prestation, plutôt que ces
encore trop nombreux candidats « éteints », atones, voire inhibés ou agressifs dont il faut arracher des réponses monosyllabiques – voire des grognements pas toujours intelligibles ! L’engagement du candidat dans l’entretien, et sa facilité à dialoguer sont bien sûr valorisés, surtout quand ils s’accompagnent de cette « bonne distance » que le candidat doit chercher à adopter entre la posture de l’élève (qu’il n’est plus tout à fait) et celle du collègue (qu’il n’est pas tout à fait encore) : idéal difficile à atteindre, on en convient, mais qui procure parfois au jury de très beaux moments d’échange authentique. On y ajoutera quand même,
parce que souvent mentionnée par les membres du jury, l’exigence d’une expression orale davantage soignée dans sa syntaxe et son vocabulaire, qu’il s’agisse de la conjugaison du verbe acquérir ou de certaines abréviations, néologismes ou familiarités qui plongent parfois le jury dans des abîmes de perplexité…
La culture personnelle du candidat, qui continuera à être sondée dans les deux parties de l’épreuve, constitue aussi un critère important dans l’évaluation. On répètera ici qu’il ne s’agit jamais pour le jury de jouer au jeu détestable des « questions fermées de culture générale » (= « Qui a peint Le Radeau de la Méduse et en quelle année ? »), au piège desquelles chacun (membres du jury inclus !) faillirait. Ce qui est demandé au candidat, bien plutôt, c’est d’apporter la preuve d’une réelle curiosité et d’une vraie ouverture à l’égard des « choses de l’esprit », de la « culture » dans son sens le plus large et le plus précieux pour les
futurs élèves de ce futur Professeur des Ecoles. Il a donc davantage été demandé aux candidats 2005, par exemple, de faire pénétrer leur jury dans leurs « musées personnels », de lui parler de leurs personnages favoris, des BD, CD et DVD qu’ils emporteraient « sur l’île déserte », des repères culturels et artistiques dont ils illustreraient avec des élèves une frise chronologique, etc., etc. etc. – et que les candidats 2006 s’attendent bien sûr à d’autres formulations pour ces questions à travers lesquelles, répétons-le, ce n’est jamais l’érudition du candidat qui est évaluée (et tant pis si Géricault rajeunit d’un siècle ou si Molière est placé « dans les années lumière », sic !), mais sa capacité à exprimer (même maladroitement) et à
faire partager une sensibilité culturelle ou artistique. Mais redisons-le tout net encore une fois : le candidat qui ne serait pas personnellement et sincèrement persuadé de cette importance capitale de la culture dans le métier d’enseignant qu’il brigue, n’a pas sa place dans ce concours.
Enfin, c’est autour de questions d’éthique professionnelle que le candidat sera apprécié, sans que jamais le jury oublie qu’il a affaire à de futurs enseignants, dont la culture candidat? A travers l’exposé et l’entretien, ce sont d’abord, bien sûr, des qualités intellectuelles qui doivent se manifester : intelligence et « bon sens », dans l’analyse du texte aussi bien que dans les réponses aux questions posées. Des connaissances disciplinaires solides, ensuite, au moins dans un domaine – peut-être celui de la formation initiale du
candidat – et dont l’efficacité de « socle » et de « levier transférentiel » transparaît souvent au cours de cette épreuve. Car il faut bien reconnaître ici que toutes les formations de niveau bac + 3 n’ont pas la même congruence ni la même efficacité pour préparer le concours de recrutement de Professeur des Ecoles.… Telles que les statistiques le confirment après le concours (rappelons que le jury ne sait rien du cursus du candidat), il semble bien que les candidats les mieux armés pour réussir au concours (et sans doute à cette épreuve orale d’admission) sont le plus souvent issus de formations universitaires à fort potentiel culturel, et
à socle disciplinaire fort, en relation directe avec les matières principales enseignées à l’école.
Mais est-ce si étonnant après tout, compte tenu de la nature des épreuves, et des missions d’enseignement qui seront confiées demain au lauréat? Sur le plan communicationnel ensuite, et outre les qualités longuement détaillées dans les précédents compte rendus (2004, 2003 : les candidats s’y reporteront avec profit sur le site du CRDP de Lille : http://crdp.ac-lille.fr), tout jury préfèrera un candidat manifestant
un minimum de vivacité, voire d’enthousiasme (sincère !) dans sa prestation, plutôt que ces encore trop nombreux candidats « éteints », atones, voire inhibés ou agressifs dont il faut arracher des réponses monosyllabiques – voire des grognements pas toujours intelligibles! L’engagement du candidat dans l’entretien, et sa facilité à dialoguer sont bien sûr valorisés, surtout quand ils s’accompagnent de cette « bonne distance » que le candidat doit chercher à adopter entre la posture de l’élève (qu’il n’est plus tout à fait) et celle du collègue (qu’il n’est pas tout à fait encore) : idéal difficile à atteindre, on en convient, mais qui procure parfois au jury de très beaux moments d’échange authentique. On y ajoutera quand même,
parce que souvent mentionnée par les membres du jury, l’exigence d’une expression orale davantage soignée dans sa syntaxe et son vocabulaire, qu’il s’agisse de la conjugaison du verbe acquérir ou de certaines abréviations, néologismes ou familiarités qui plongent parfois le jury dans des abîmes de perplexité…
La culture personnelle du candidat, qui continuera à être sondée dans les deux parties de l’épreuve, constitue aussi un critère important dans l’évaluation. On répètera ici qu’il ne s’agit jamais pour le jury de jouer au jeu détestable des « questions fermées de culture générale » (= « Qui a peint Le Radeau de la Méduse et en quelle année ? »), au piège desquelles chacun (membres du jury inclus !) faillirait. Ce qui est demandé au candidat, bien plutôt, c’est d’apporter la preuve d’une réelle curiosité et d’une vraie ouverture à l’égard des « choses de l’esprit », de la « culture » dans son sens le plus large et le plus précieux pour les
futurs élèves de ce futur Professeur des Ecoles. Il a donc davantage été demandé aux candidats 2005, par exemple, de faire pénétrer leur jury dans leurs « musées personnels », de lui parler de leurs personnages favoris, des BD, CD et DVD qu’ils emporteraient « sur l’île déserte », des repères culturels et artistiques dont ils illustreraient avec des élèves une frise chronologique, etc., etc. etc. – et que les candidats 2006 s’attendent bien sûr à d’autres formulations pour ces questions à travers lesquelles, répétons-le, ce n’est jamais l’érudition du candidat qui est évaluée (et tant pis si Géricault rajeunit d’un siècle ou si Molière est placé « dans les années lumière », sic !), mais sa capacité à exprimer (même maladroitement) et à faire partager une sensibilité culturelle ou artistique. Mais redisons-le tout net encore une fois : le candidat qui ne serait pas personnellement et sincèrement persuadé de cette importance capitale de la culture dans le métier d’enseignant qu’il brigue, n’a pas sa place dans ce concours.
Enfin, c’est autour de questions d’éthique professionnelle que le candidat sera apprécié, sans que jamais le jury oublie qu’il a affaire à de futurs enseignants, dont la culture professionnelle est encore en construction, mais qui n’en doivent pas moins manifester qu’ils
ont réfléchi au sens du métier auquel ils aspirent, à leurs devoirs et responsabilités, à leur positionnement (professionnel, déontologique…) par rapport à d’autres « médiateurs éducatifs » (un enseignant n’est pas qu’un animateur ! un enseignant n’est pas qu’un éducateur !), et qui doivent être capables d’expliciter – par exemple – les qualités personnelles dont il faut disposer pour s’engager dans la profession, les conditions de l’exercice de l’autorité auprès d’enfants, les atouts d’un « bon » enseignant, etc., etc. etc. !
le Jury aimerait rappeler que c’est toujours la conjonction de plusieurs critères jugés gravement défaillants ou insuffisants qui aboutit à l’élimination : – incapacité flagrante à comprendre le contenu et/ou le message du document-sujet ;
– incapacité permanente à entrer en communication avec le jury (le candidat ne comprend pas ce que lui dit le jury, et le jury ne comprend pas ce que veut dire le candidat) ;
– méconnaissance complète de l’école et du système éducatif ;
– « inculture » absolue (au-delà des lacunes du candidat, le jury n’a pu trouver aucun point d’ancrage ni domaine culturel ou autre pour lancer la discussion) ;
– positionnement idéologique gravement décalé par rapport aux valeurs
fondamentales de l’Ecole (égalité, laïcité, respect de l’autre, solidarité…) ;
– « fragilité » ou manque de maturité incompatible avec l’entrée immédiate dans le métier.
Extrait de : RAPPORT DE LA COMMISSION DE L’ É.O.E.P.P. (ÉPREUVE ORALE D’ENTRETIEN PRÉPROFESSIONNELLE) Académie de Lille, session 2005